« Aux Jeux olympiques, le rôle des femmes devrait être de couronner les vainqueurs ». C’est ainsi que Pierre de Coubertin, père des Jeux Olympiques modernes voyait la place des femmes en 1935. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Lors d’une rencontre axée sur la lutte contre les inégalités de genre dans le sport, nous avons mis en lumière des histoires de résilience, de défi, et d’ambition. Des athlètes olympiques aux chercheuses, en passant par les journalistes sportives, nous avons ébauché un futur où le sport féminin n’est plus en marge, mais au cœur du jeu.

Le jeudi 9 novembre s’est déroulé le premier « Afterwork de l’égalité. Femmes et sport : une place de combat » à Bruxelles. Une discussion en groupe restreint sur des enjeux pourtant très vastes. Pour cette première édition, nous avons pu discuter de la place des femmes dans le sport avec Charline Van Snick, cofondatrice, avec Lola Mansour, du mouvement #BalanceTonSport.

Nous avons développé trois angles : l’éducation stéréotypée liée au sport et la mixité dans les cours de sport pour les enfants ; la valorisation des performances sportives des femmes dans les médias ; l’accès au sport amateur pour les femmes.

L’éducation sportive en Belgique francophone, souvent non mixte (et oui …), renforce des stéréotypes de genre. Les garçons sont encouragés à la performance physique et la compétition, tandis que les filles se voient orientées vers des activités moins compétitives. Cette séparation se reflète aussi dans les cours de récréation, où les jeux de ballon, principalement joués par les garçons, monopolisent l’espace. Ces pratiques limitent l’accès des filles à diverses activités physiques et perpétuent l’idée de sports ‘masculins’ ou ‘féminins’, contribuant ainsi aux inégalités de genre dans le sport.

Les inégalités dans la médiatisation des sports restent un enjeu majeur. Actuellement, les performances sportives des femmes reçoivent une couverture médiatique significativement moindre. Par exemple, en 2017, le sport ‘féminin’ représentait 15% des retransmissions sportives diffusées par la RTBF. Cette disparité s’accompagne souvent d’une focalisation sur l’apparence physique des athlètes plutôt que sur leurs compétences. De plus, les victoires des femmes dans les compétitions majeures sont souvent reléguées à des horaires de moindre écoute. Cette sous-représentation contribue à la perception que le sport féminin est moins important ou moins intéressant, ce qui perpétue les inégalités et freine le développement et la reconnaissance du sport dit ‘féminin’.

Pour terminer, #BalanceTonSport, le #MeToo du monde du sport, a mis en évidence les violences subies par les femmes, mais malgré la popularité grandissante du mouvement, la crainte de représailles constitue un frein majeur au changement. De nombreux témoignages ont révélé des cas de harcèlement sexuel et de sexisme, notamment lors d’événements médiatisés. Un exemple frappant est celui de l’agression sexuelle, aka le « baiser forcé » commise par Luis Rubiales sur l’athlète Jenni Hermoso lors de la victoire de l’équipe féminine de football espagnole au mondial. Cet événement illustre les défis auxquels sont confrontées les femmes dans le sport, non seulement en termes de représentation et de financement, mais aussi en ce qui concerne leur intégrité.

Rappelons en guise de conclusion que la place des femmes et minorités de genre dans le sport est parfois une question d’accès physique, notamment à des infrastructures et à des clubs. Cette considération est encore plus vraie pour les personnes trans et intersexes, ou simplement pour des sportives qui ont des caractéristiques qui ne correspondent pas aux normes dites ‘de féminité’ qui sont aujourd’hui souvent exclues, même du sport amateur.

Rendez-vous au prochain afterwork où nous explorerons un autre sujet lié aux inégalités vécues par les femmes et les minorités.

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