En Espagne, un projet de loi a été voté pour l’instauration d’un congé menstruel. Avancée importante pour les personnes souffrant de règles douloureuses, ce projet a fait couler de l’encre tant les débats ont dépassé les frontières posant de nouvelles questions sur l’instauration d’une telle mesure en Belgique. Que peut-on en penser ?

On peut saluer l’ouverture de ce débat qui prend en compte un mal que vit une importante partie des personnes menstruées aujourd’hui, notamment les personnes souffrant d’endométriose. Pour rappel, cette maladie toucherait 1 femme sur 10 en Belgique. De manière générale, les douleurs de règles restent relativement taboues et banalisées. Et l’adage « c’est normal d’avoir mal pendant ses règles » restent très répandu.

Pour certain.e.s, l’instauration d’un congé menstruel génèrerait de nouvelles discriminations à l’embauche pouvant favoriser l’embauche d’hommes au détriment des femmes. Cette logique argumentaire me semble problématique a bien des égards, car elle implique qu’on écarte de facto tout nouveau droit potentiel acquis pour les travailleuse, aussi légitime soit-il. Un tel argument vient par exemple à contre courant du congé de maternité ou de celui d’allaitement.

Il est dès lors important de se poser la question : compte tenu du nombre de femmes concernées par les douleurs menstruelles, et des inégalités de genre du monde de l’emploi, n’est-il pas plus adéquat d’ouvrir un nouveau droit à celles qui souffrent, tout en renforçant le contrôle sur les discriminations à l’embauche pour celles qui se verraient discriminées ?

Le projet espagnol ayant été totalement financé par l’Etat, se pose aussi la question du coût financier d’une telle mesure est également posé sur la table. Or, on sait aujourd’hui que l’endométriose a déjà un coût collectif important. Financer cette mesure, c’est finalement rendre visible un coût caché et envoyer un message aux femmes et aux personnes menstruées pour qui les règles ont un impact sur le quotidien.

Ajoutons qu’il est essentiel de penser cette problématique de manière plus large en ne se limitant pas qu’à la sphère du travail, et réfléchir aux aménagements possibles pour les jeunes et les étudiantes qui souffrent aussi de règles douloureuses avec autant d’impacts sur leur parcours scolaire. Ce sont des pistes de réflexion qu’il faut exploiter avec le monde de la santé et les entreprises qui mènent aujourd’hui des projets pilotes similaires au congé menstruel pour qu’un tel projet puisse voir le jour en Belgique.