Un cas de transphobie à l’Université de Bruxelles a récemment fait la une de l’actualité. Victoriæ, étudiante, a été victime d’une agression transphobe dans les toilettes du Campus. Loin d’être un cas isolé, cet incident remet au-devant de la scène la question des discriminations liées à l’identité de genre qui rythment tristement la vie des concerné·es. Le temps est venu pour des solutions, et de la protection.
Des chiffres alarmants
Ce cas de transphobie n’est pas isolé. Les personnes transgenres sont massivement victimes de discrimination sociale et de stigmatisation. Cela se traduit par des commentaires offensants, des moqueries ou des rumeurs de toutes sortes à l’école, au travail, chez le médecin, au sport ou dans les rues, conditionnant parfois les comportements à avoir pour éviter les agressions… Outre l’utilisation incorrecte du nom ou du pronom pour les désigner (« il » à la place de « elle » ou inversement), les personnes trans sont souvent victimes de violence physique et du cyberharcèlement, parfois même de personnalités publiques. On rappellera utilement le Président du MR qui a successivement relayé un tweet injurieux qui comparait la situation des personnes trans à … des chaises (oui, oui), ou encore sa visibilisation du « dead name » (ancien prénom qui correspond à l’ancienne identité de genre) d’une Ministre trans. Tout cela a un fort impact psychologique et émotionnel. Les personnes trans peuvent éprouver de l’anxiété, de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale en raison du stress résultant de l’hostilité et de l’insécurité vécues. L’Institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes a publié une étude en 2018 qui fait part de quelques chiffres déconcertants.
« Près de 8% des répondant·e·s ont préféré quitter leur travail en raison des réactions des collègues ou de l’employeur·euse ou pour éviter ces réactions. Plus d’un quart des répondant·e·s ont été découragé·e·s de poser leur candidature ou de continuer à le faire. »
Le rapport souligne que plus d’un.e répondant·e sur trois a été victime de discrimination au travail. Plus d’un·e répondant·e sur deux a été confronté·e à de la discrimination à l’école, principalement en primaire et au secondaire.
Près d’un·e répondant·e sur deux a déjà eu des pensées suicidaires
Plus proche de nous, en France, et de manière récente, 227 cas de transphobie ont été signalés à SOS Homophobie. Il s’agit de menaces de mort, d’agressions sexuelles, physiques…
On évalue la santé d’une société à sa manière de traiter ses minorités
Ayant à cœur la défense et le respect des minorités pour une société égalitaire, j’ai été profondément touchée par cette agression de Victoriæ, s’ajoutant à de nombreuses autres. À la tribune du parlement, j’ai rappelé la nécessité et l’urgence pour les personnes trans de vivre en paix et en sécurité. J’ai également interpellé le ministre de l’Egalité des chances en Fédération Wallonie-Bruxelles, Frédéric Daerden, sur les actions mises en place pour protéger les minorités. Pour Ecolo, cela relève d’une responsabilité collective et politique.
Mon collègue Rodrique Demeuse et moi avons écrit et fait adopter un texte de recommandations en 2021 pour mieux protéger les étudiant·es des violences dans l’enseignement supérieur. En termes de solutions, nous avons proposé une facilitation du dépôt des signalements dans chaque établissement et en dehors. Il s’agit d’imposer à chaque établissement d’enseignement supérieur de mettre en place, si ce n’est pas encore fait, un dispositif de référence et une voie de recours externe pour les étudiant·e·s victimes. Cela permettra de les écouter et accompagner si besoin. Nous avons également préconisé des séances de sensibilisation sur le harcèlement dans les établissements d’enseignement supérieur, utiles pour informer la communauté universitaire et dissuader les auteurs. Dans notre texte de loi, nous avons demandé d’adopter un cadre légal spécifique pour la protection des étudiant·e·s. Une étude scientifique pour comprendre le phénomène du harcèlement contribuera significativement à faire bouger quelques lignes.
Nous pensons qu’il est nécessaire de donner plus d’autonomie et de moyens aux établissements d’enseignement pour lutter contre l’insécurité en leur sein. Les établissements doivent se saisir de ces moyens et montrer leur volonté politique d’œuvrer pour que chacun·e de leurs étudiant·es puisse suivre son cursus en paix et en sécurité.
Liens articles sur le fait d’actualité :
BX1 : https://bx1.be/categories/news/transphobie-une-etudiante-de-lulb-denonce/
Sudinfo/La Capitale : https://www.sudinfo.be/id772759/article/2024-01-17/trans-victoriae-sest-vue-refuser-lacces-aux-toilettes-lulb-ma-dit-que-je-mettais
Pour aller plus loin :
Plan de lutte d’ECOLO pour protéger les étudiant·es des violences : https://margauxdere.be/une-resolution-pour-combattre-le-harcelement-dans-lenseignement-superieur/
Être transgenre en Belgique, dix ans plus tard : https://igvm-iefh.belgium.be/fr/publications/etre_une_personne_transgenre_en_belgique_dix_ans_plus_tard
Enquêtes relatives aux droits fondamentaux des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, transsexuelles et intersexes au sein des différents pays membres de l’Union européenne réalisées en 2012 et en 2019. https://fra.europa.eu/en/publication/2020/eu-lgbti-survey-results
Les violences LGBTQIA+phobes en Région de Bruxelles-Capitale https://safe.brussels/fr/les-violences-lgbtqiaphobes-omnipresentes-mais-peu-signalees-bruxelles-0
Le Rapport sur les LGBTIphobies 2023: https://www.sos-homophobie.org/informer/rapport-annuel-lgbtiphobies