Ce mardi en Commission Égalité des chances et droit des femmes, nous avons accueilli la pétitionnaire principale de la pétition relative aux violences sexuelles faites aux femmes et à la sécurisation des abords du parc du Cinquantenaire (Bruxelles). La pétitionnaire a formulé treize demandes concrètes, touchant, d’une part, au traitement des violences sexuelles faites aux femmes (dans les domaines du droit pénal, de l’aide aux victimes, de l’enseignement, de la formation des forces de l’ordre, etc.) et, d’autre part, à la question spécifique de la sécurisation du quartier du Cinquantenaire.

La pétitionnaire a commencé par livrer son histoire. En effet, elle a échappé de justesse à un homme aux abords du Parc du Cinquantenaire, fin janvier dernier, alors que celui-ci a tenté de l’agresser sexuellement.  Lors du dépôt de plainte et durant la suite du processus, elle a été victime d’une série de manquements à différents niveaux, et a constaté qu’il existait de nombreux témoignages similaires émanant d’autres femmes, concernant le même quartier de Bruxelles. Transformant son expérience personnelle en une impulsion collective, elle a lancé une pétition qui a recueilli des milliers de signatures, avec pour objectif principal que la sécurité de ce Parc soit renforcée, pour tout le monde, à toute heure.

La pétition contient des demandes très concrètes, telles que par exemple à court et moyen terme :

  • Une allocation efficace des ressources pour accroître la présence policière dans la zone
  • Plus de surveillance (i.e. plus de caméras)
  • La création (ou l’extension) d’une surveillance de voisinage autour du parc, en tant que réseau de dissuasion et de soutien communautaire pour les voisins
  • Une augmentation (ou installation) de l’éclairage via des lumières LED à énergie solaire dans et autour du parc pour minimiser les zones sombres dangereuses
  • De l’affichage de campagnes de sensibilisation, dans la zone, qui découragent ces comportements

« La démocratie c’est ça aussi, ça ne se limite pas à voter tous les 5 ans ! »

C’était la première fois que la Commission égalité avait pour mission de traiter une pétition citoyenne. En effet, depuis plusieurs années, une pétition qui regroupe plus de 1000 signatures et répond à une série de critères doit faire l’objet d’un examen. Un mécanisme simple, efficace, qui permet à des citoyens et des citoyennes de mettre à l’agenda une thématique au Parlement. Ici, la pétition de 12 000 signatures a été accueillie avec enthousiasme par les députées.

Un problème qui ne date pas d’hier

La problématique du harcèlement de rue dans notre capitale n’est pas nouvelle. Et il faut avouer qu’elle se décline de manière systématique sur tout le territoire, avec peut-être quelques heureuses exceptions. Les réponses politiques a y donner sont multiples et se déclinent dans tous les niveaux de pouvoir que notre pays contient (et ils sont nombreux).

Depuis la Région, une manière de traiter durablement la question, c’est de s’interroger sur les infrastructures dès leur conception. Ainsi, dès qu’on verse un euro dans un projet d’aménagement du territoire, on doit pouvoir se questionner sur l’impact qu’il a en matière de genre. Il est certain que le quartier du Cinquantenaire répond à une série de caractéristiques qui en font un lieu où les agressions trouvent leur place. Je pense par exemple au fait qu’il y a, à certaines heures, peu de contrôle sociales, que c’est un quartier qui vit surtout aux heures de bureau, que les grands parcs en général sont propices aux agressions, etc.

Au-delà des questions de disposition physique des lieux, se pose la question de la politique de sécurité. Pour Ecolo, la présence policière n’est pas forcément la meilleure réponse. Déjà parce que d’un point de vue pragmatique, il est impossible de prévoir une présence policière permanente à tous les endroits problématiques de la ville. Ensuite parce que la vision développée par Ecolo se situe davantage dans le travail de proximité, via les personnes qui se trouvent naturellement dans nos rues (personnel communal, gardiens et gardiennes de Parc, etc.). Une autre cartouche intéressante : celle de la sensibilisation des témoins.

Enfin, dernier volet et non des moindre, nous encourageons la Secrétaire d’Etat a être attentive à la question de la place des auteurs de violences : bien que la victime soit au milieu du dispositif, il faut aussi agir auprès aux auteurs, pour briser le cycle des violences. Les dissuader d’agir, leur faire connaître le cadre légal (loi contre le sexisme dans l’espace public de 2014) qui leur interdit une série de comportements, et remettre la charge de la culpabilité de la victime vers l’auteur.

Pour rappel, l’égalité et la lutte contre les violences faites aux femmes a ceci de positif qu’elles mènent à une société plus apaisée pour toutes, mais aussi pour tous. Ces mêmes rues seront dès lors plus accueillantes pour les personnes âgées, les minorités, les enfants, et j’en passe.

Focus sur les parcs

La problématique des parcs est fondamentale en ce qu’ils constituent des poumons verts de notre ville, pouvant accueillir sports, loisirs et activités sociales. Il est dès lors essentiel qu’ils puissent profiter à tout le monde. Le Ministre de l’Environnement, Alain Maron, s’est engagé via le projet « Femmes au Parc » à travailler sur cette question : éclairage, marche exploratoire, formation des gardiens et gardiennes de parc pour les sensibiliser aux violences dans l’espace public, etc. Une belle manière de favoriser la présence des femmes en améliorant la conception des parcs

De la cours de récréation à la rue

Enfin, ce débat questionne notre éducation au rapport à l’espace, dès l’enfance : par exemple dans la cours de récréation, les filles sont reléguée à la périphérie, sur les petits tronçons libres jonchant les terrains sportifs souvent occupés par les garçons par des jeux de ballons. Les filles sont dès plus le jeune âge mises de côté, habituée à développer des stratégies d’évitement, qu’elles mettront ensuite en oeuvre dans l’espace public. Une réflexion sur ces espaces scolaires est donc nécessaire.

Pour aller plus loin

→ Revoir la commission : https://www.youtube.com/watch?v=sVHcr7aHWzc&list=PLQ3uOzWd9MNyrxzu997ejOLCBHDKAocdt&index=19

→ La pétition : https://www.change.org/p/etterbeek-commune-stop-rapes-and-protect-women-around-parc-du-cinquantenaire-with-more-police-presence-1c76ee65-d16f-4a4d-ae86-57b3039f7b21

→ Une pétition de plus de 7 000 signatures pour protéger les femmes autour du parc du Cinquantenaire (BX1) https://bx1.be/communes/etterbeek/une-petition-de-plus-de-7-000-signatures-pour-proteger-les-femmes-autour-du-parc-du-cinquantenaire/

→ Résolution du Parlement bruxellois visant à lutter contre le harcèlement sexiste dans l’espace public, et en particulier dans les transports en commun :  http://weblex.brussels/data/crb/doc/2018-19/137503/images.pdf