C’était il y a quelques jours chez nos voisins ; il y a quelques semaines dans un centre commercial bruxellois ; il y a quelques mois à Bruges. Et finalement de manière régulière et récurrente, un peu partout : des femmes sont interpellées dans l’espace public, harcelées avec plus ou moins de violence, parce qu’elles allaitent leur bébé. 

Pour les écologistes, il s’agit d’une question importante qui revêt deux dimensions.

La première dimension fait de l’allaitement en public une question de santé. En effet, l’OMS préconise d’allaiter le bébé durant les 6 premiers mois de sa vie. Pour les femmes qui le désirent, cela doit donc être rendu possible, confortable, et surtout ne pas donner lieu à des discriminations. De la même manière que je n’irai pas manger mon sandwich aux toilettes, il est inadmissible aujourd’hui qu’une femme soit sommée d’aller aux toilettes pour nourrir son enfant. Pire encore, qu’un agent qui représente l’Etat, comme un policier pour l’exemple brugeois, la prie d’arrêter. Implicitement à ces situations se dessine un message, un message qui signifie que la place d’une maman serait … à la maison. Ce qui à notre époque n’est plus audible.

La deuxième dimension concerne l’inclusion de toutes et tous dans notre espace public. En effet, notre ville est encore aujourd’hui majoritairement construite par les hommes, pour les hommes. Ainsi les femmes et les enfants peinent souvent à y trouver leur juste place. Les femmes avec bébé n’y échappent pas. Je pense aux trottoirs souvent impraticables pour un parent accompagné d’une poussette. Aux abords des grands axes qui sont fortement pollués et franchement pas accueillants pour des enfants à la santé parfois tellement sensible. Au manque de vert, littéralement, dans notre ville, pourtant si précieux.

Avec Ecolo, nous plaidons pour une ville apaisée, où chacun et chacune se sent à sa place, quelque soit sa situation : un enfant qui souhaite jouer dans la rue, une femme qui rentre seule la nuit, une personne âgée qui souhaite aller prendre l’air au parc et … une maman avec bébé, qui a besoin d’être nourri. L’objectif pour ces dernières est multiple. Il s’agit de dessiner notre ville, et tous les lieux qui la composent, comme les administrations publiques, les centres commerciaux, les parcs, les entreprises, etc. pour qu’ils soient plus accueillants.

De longue date, les écologistes plaident pour interdire toute discrimination liée à l’allaitement et a d’ailleurs fait ajouter cette discrimination à la loi pour lutter contre la discrimination hommes-femmes de 2007. Ainsi, toute discrimination ou comportement indésirable lié à l’allaitement sera désormais considérée comme une infraction.

Le dernier grand chantier est culturel. Il vise à faire de l’acte d’allaiter un geste banal, qui ne provoque ni dégoût, ni rejet, ni discrimination. Il y a là une tension forte, à mon sens, entre les images du corps des femmes qui sont surabondantes dans l’espace public lorsqu’elles sont sexualisantes et stéréotypées – je pense aux publicités sexistes notamment, un sujet sur lequel je suis souvent intervenue dans ce Parlement – et qui, tout à coup lorsqu’il s’agit du corps des femmes dans l’interaction indispensable avec un bébé, deviennent insupportables. Il est temps d’inverser la tendance.