« Mon vélo pour rentrer solo le soir, c’est une manière de foncer dans la nuit pour ne pas m’exposer au harcèlement », « C’est sympa d’aller à l’école avec les enfants à vélo quand il fait beau, ça nous fait un moment en  famille », « Je préfère embarquer mes courses sur mon vélo, c’est moins lourd ». En 2021, Bruxelles a connu une augmentation de 3% dans l’utilisation du vélo par les femmes par rapport à 2020. Même si les hommes restent majoritaires dans son utilisation (58%). Encore récemment, la mobilité était uniquement pensée par les hommes et pour les hommes, et les femmes restaient cantonnées à l’intérieur du foyer : elles n’avaient pas leur place dans l’espace public. Depuis quelques années, de nombreuses initiatives sont mises en place pour un changement vers une ville apaisée dans laquelle chacun.e est la.le bienvenu.e et peut trouver sa place.

Lors de la Semaine de la Mobilité, c’est sous l’angle du genre qu’avec Ecolo, nous avons décidé d’aborder la question de l’utilisation du vélo. Cet angle est notamment traité dans le documentaire “Women don’t cycle” de Manon Brulard : pouvoir se déplacer librement à l’extérieur en tant que femme et se réapproprier l’espace public à travers le vélo.

Les habitudes de mobilité des femmes sont très différentes de celles des hommes : davantage d’étapes dans les trajets, plus souvent avec des enfants ou un chargement, attentive à leur propre sécurité lors des déplacements le soir, etc. Mais puisque pendant très longtemps l’espace urbain s’est construit sur base des déplacements des hommes, il existe encore de nombreuses entraves à ce que les femmes jouissent du droit de se déplacer. En proportion, en Belgique, elles sont plus nombreuses à se déplacer à pied mais les hommes sont bien plus mobiles qu’elles et parcourent plus de kilomètres. L’urbanisme et la mobilité ont tendance à agir comme un frein dans les déplacements des femmes, alors qu’ils agissent comme un facilitant dans les déplacements des hommes.

La pratique du vélo par les femmes est également différente. À Bruxelles, les femmes sont moins nombreuses à faire du vélo que les hommes. Aujourd’hui, les femmes ne représentent qu’un peu plus d’un tiers des cyclistes bruxellois même s’il y a une tendance à la hausse. Enfourcher son vélo, c’est prendre sa place dans l’espace public. C’est aussi une question d’émancipation et d’autonomie. À titre d’exemple, elles sont nombreuses à mentionner que le vélo leur permet d’éviter de côtoyer des personnes dans les transports en commun ou dans les rues et cela réduit le potentiel harcèlement dont elles pourraient être victimes. L’aspect écologique ainsi que la bonne santé du corps sont également importants pour elles.

Focus sur les freins à la pratique du vélo par les femmes :

  • L’influence des représentations sociales est importante. Le vélo a une marque genrée très forte : il est considéré comme un mode de déplacement masculin et c’est une activité socialement mieux vue pour les hommes à Bruxelles ;
  • La charge des responsabilités familiales et notamment le transport d’enfants ou des courses ;
  • Les effets de l’insécurité routière ont une forte influence sur le choix des femmes à utiliser le vélo ou non. Pour les femmes, le danger et le fait de ne pas se sentir en sécurité dans la circulation sont les deux raisons les plus citées qui les empêchent d’utiliser le vélo à Bruxelles.

Face à cela, les pouvoirs publics et les associations déterminent plusieurs solutions politiques afin de rendre la mobilité plus égalitaire. Il s’agit tout d’abord d’améliorer les infrastructures et les réseaux cyclables qui sont souvent peu rassurants voire innexistants. De plus, il est important de mettre plus d’opportunités de stationnements et de réduire les vols de vélos. Il est également décisif de créer des zones plus apaisées en ville et de réduire la vitesse et la pression automobile. Parce que le vélo, c’est aussi une question d’éducation, il est nécessaire de former et sensibiliser les jeunes et les adultes à la pratique. Enfin, il s’agit de manière assez élémentaire de donner accès à la réparation de vélo, à l’échange des bonnes pratiques et la formation à pouvoir entretenir son vélo.

Bien que le chantier soit vaste pour renverser la manière de penser l’espace à Bruxelles, la problématique est de plus en plus prise au sérieux par les associations et les pouvoirs publiques afin de mieux aménager l’espace public pour tous et toutes, de valoriser la pratique du vélo pour les femmes et de surtout encourager une meilleure égalité dans la mobilité pour un futur proche !

Ressources supplémentaires: