Il y a 10 ans, en 2011, en parallèle de mes études, je co-fondais une startup dans le secteur de la technologie. J’étais la seule femme de la pépinière de projets active dans ce domaine. Et par ailleurs je me trouvais dans une équipe composée uniquement d’hommes. Pendant toutes ces années, on m’a décrite comme “un entrepreneur”. C’est quelque chose qui peut sembler anecdotique. Mais en général, c’est un tout : ma place n’était peut-être pas là, dans l’imaginaire collectif.

En vrac, quelques stéréotypes :

  • L’expertise technique est réservée aux hommes, et les femmes sont considérées comme moins capables de travailler dans certains domaines comme l’informatique, la construction ou l’ingénierie ;
  • La prise de décision, la négociation et la capacité de gestion, sont, si l’on suit les stéréotypes, des compétences moins développées chez les femmes ;
  • Les projets d’entrepreneuriat sont vus comme moins solides, moins importants, moins rentable, ce qui diminue leur éligibilité à des levées de fonds, privées ou publiques ;
  • etc.

La conséquence d’un système qui ne donne pas aux femmes le soutien et la confiance nécessaires pour se lancer ? En Belgique, seulement une personne indépendante sur 3 est une femme. 

Les inégalités qui touchent notre société n’épargnent dès lors pas le secteur privé. Et pourtant, le monde de l’entreprise est un moteur économique important. D’abord parce qu’il participe à avoir un impact sur le monde, et qu’il constitue par ailleurs une priorité politique (et donc financière) pour beaucoup de Gouvernements. Aussi parce qu’il permet à celles et ceux qui s’y lancent de s’émanciper, de créer de la valeur pour la société, à leur manière.

Focus sur les entrepreneuses

Le secteur des indépendant.e.s a connu une croissance non négligeable ces dernières années : le nombre de femmes entrepreneuses a augmenté de 12,90% en Wallonie et de 11,63% à Bruxelles (source : réseau Diane).

Mais les chiffres peuvent parfois cacher d’autres réalités, et il réside une série de biais important derrière ces augmentations.

D’abord, le fait que les femmes qui parviennent à se lancer sont majoritairement des femmes blanches, valides, des communes du Sud de Bruxelles, avec un certain capital familial, culturel et/ou financier. Dans ce contexte, le fait de pouvoir encourager les femmes dans toute leur diversité à entreprendre, et souvent à créer de l’emploi, est fondamental, et peut sans aucun doute avoir un impact positif sur la Région. Diverses études le prouvent : la diversité augmente la qualité globales des projets, permet la diversification de ces derniers et des publics visés, et a globalement un effet positif général.

Ensuite, il est utile de rappeler que les femmes s’investissent en majorité dans des secteurs eux-mêmes stéréotypés : le secteur de la santé et des soins, les projets en lien avec l’enfance, les projets culturels. Récemment encore, des moyens historiques ont été obtenu par la Belgique grâce à l’Europe pour un plan de « relance » suite à la crise COVID. Les 2 secteurs qui vont être soutenus massivement sont … le numérique et la construction. Deux secteurs dans lesquels les femmes sont absentes. D’où l’importance de déconstruire les stéréotypes. A noter que beaucoup plus de projet portés par des femmes sont des projets à finalité sociale.

Pour les écologistes, parce que notre projet de société se construit autour de l’émancipation des personnes, le secteur des indépendant.e.s est un secteur vraiment important. Voici quelques actions déjà entreprises par notre Secrétaire d’Etat bruxelloise à l’Economie, Barbara Trachte :

  • Le projet Women in Digital et le soutien à Women in business, Women in tech, et les associations et projets qui sensibilisent à la thématique de l’entrepreneuriat pour les femmes.
  • Des appels à projets pour soutenir les entrepreneurs et entrepreneuses et la transition, avec des point « bonus » pour les projets entrepreneuriat menés par des femmes ;
  • Différentes aides ciblées : les prime crèches, les formations, les aides à la digitalisation, les primes « coworking », etc.
  • Les projets de visibilisation des femmes dans l’entrepreneuriat et particulièrement dans les métiers techniques et scientifiques, comme le prix WATS et bien d’autres.

D’autres leviers très importants peuvent encore être mobilisés :

  • Le travail sur l’école, et la déconstruction des stéréotypes de genre liés aux métiers, via les manuels scolaires, la formation des enseignant.e.s, etc.
  • La représentation des femmes dans les filières d’enseignement supérieur qui mènent à l’entrepreneuriat, comme les filières en informatique, les écoles de commerce, etc.
  • La question de la maternité pour les indépendantes et le travail sur une plus grande cohérence de droits en matière de congé de parentalité, par exemple, afin de permettre aux indépendantes de s’investir dans leur vie de famille sans mettre en péril leurs projets
  • Globalement améliorer la représentation des femmes dans le secteur privé et protéger leurs droits.

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