Une femme sur cinq en Belgique déclare avoir été victime de violences gynécologiques et obstétricales. Ces violences peuvent inclure des agressions physiques, des humiliations, des agressions verbales, l’absence de consentement éclairé, le manque de confidentialité, le refus d’antidouleurs, la violation de l’intimité et des négligences entraînant des complications. C’est large, n’est-ce pas ? Ces pratiques peuvent survenir durant le suivi de grossesse, l’accouchement, mais également à d’autres étapes de la vie gynécologique et reproductive. La parole des concernées commence tout juste à émerger dans le débat public.

Les écologistes viennent de déposer au Parlement de Bruxelles un projet visant à lutter contre les violences gynécologiques et obstétricales (VGO), alors que les témoignages de patientes révèlent un besoin urgent de réformes. Cette proposition s’inscrit dans le sillage du rapport du Sénat (2024), initié par la sénatrice écologiste France Masai, qui avait permis de recueillir des recommandations clés après un processus d’auditions et d’enquêtes auprès des patientes et des professionnels de santé.

Saviez-vous qu’en Belgique, il existe des disparités significatives dans la pratique de l’épisiotomie (une incision du périnée réalisée durant l’accouchement) entre Bruxelles, la Wallonie et la Flandre ? Ce taux varie de 34,9 % en Flandre à 20,2 % en Wallonie, et 14,9 % à Bruxelles. Il est peu probable que les corps des femmes de ces régions nécessitent de manière significativement différente ce type d’intervention. Les variations culturelles influencent ces pratiques : par exemple, aux États-Unis, le nombre de césariennes est beaucoup plus élevé qu’en Europe. Ces différences soulignent l’importance d’un encadrement harmonisé pour garantir des soins respectueux.

Les recommandations prioritaires du projet

Le projet propose plusieurs mesures pour améliorer la prise en charge et sensibiliser les acteurs et actrices de la santé ainsi que le public. Parmi les priorités, il est demandé à la Région de Bruxelles-Capitale de :

  • Reconnaître officiellement l’existence et la définition des violences gynécologiques et obstétricales.
  • Collecter des données chiffrées spécifiques à Bruxelles pour mieux cerner la prévalence des pratiques problématiques.
  • Renforcer la transparence des données de santé sur les actes médicaux tels que les césariennes et les épisiotomies.
  • Sensibiliser le grand public et les patient·es à leurs droits ainsi qu’aux recours possibles en cas de non-respect de ces droits.
  • Diffuser et promouvoir les bonnes pratiques dans les soins gynécologiques et obstétricaux.

Vers un changement culturel dans le secteur de la santé

Le projet souligne également l’importance d’accompagner ces réformes par un changement culturel, visant à mieux informer et sensibiliser les femmes sur leurs droits et à promouvoir une approche plus respectueuse dans l’accompagnement des patientes, non seulement lors des accouchements, mais aussi pour d’autres soins gynécologiques, notamment ceux liés à l’endométriose.

Soutien aux associations et aux projets pilotes

Pour concrétiser ces recommandations, la proposition prévoit un soutien accru aux associations engagées dans la lutte contre les VGO, comme l’association « Toi Mon Endo », qui propose des outils pour améliorer le diagnostic de l’endométriose sans violences. Le projet soutient également sans les nommer l’émergence de structures comme le Cocon à Bruxelles, une maison de naissance qui vient de fêter ses 10 ans. De tels projets devraient être encouragés par des budgets dédiés, pour favoriser l’innovation dans la prise en charge bienveillante.

Ces recommandations représentent une avancée majeure pour les droits des patientes en Belgique, mettant en lumière le besoin d’une prise en charge plus humaine et respectueuse des femmes, pour que chaque acte médical soit consenti, expliqué et exempt de violences. En prenant cette initiative, la Région de Bruxelles-Capitale pourrait devenir un modèle pour l’ensemble du pays.

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