Victor Horta, René Magritte, Jean-Baptiste Madou, Hergé, il suffit de flâner dans Bruxelles pour retrouver la trace de ceux qui ont fait la ville et son histoire architecturale et artistique, et qui sont aujourd’hui honorés sur nos murs, nos rues et nos monuments. Mais où sont les femmes ? Celles qui par exemple ont contribué à construire le quartier du Béguinage, et sur lesquelles l’Histoire ne s’est pas attardée.

La Commission Egalité du Parlement bruxellois vient de soutenir à l’unanimité un projet visant à valoriser le matrimoine de la Région.

L’Histoire s’oublie parfois, et l’association L’Architecture qui Dégenre, par la voix d’Apolline Vranken, et L’ASBL l’Ilot proposent de lui rafraîchir la mémoire. Depuis 2019, Bruxelles accueille ainsi les Journées du Matrimoine qui mettent en valeur l’héritage de celles qui ont fait la ville, en proposant notamment des visites guidées sur le thème du matrimoine matériel et immatériel. Il était dès lors temps de pérenniser la démarche.

Les députées à l’origine du projet ont donc demandé au Gouvernement bruxellois :

  • de soutenir les initiatives de développement des journées du Matrimoine ;
  • d’envisager la mise en place par la Région de Journées du matrimoine en concertation avec les acteurs et actrices de terrain ;
  • de soutenir les recherches scientifiques sur le matrimoine bruxellois ;
  • de renforcer l’expertise des services publics en matière de matrimoine via notamment la mise en place de formations des administrations à la question du genre ;
  • d’œuvrer, à long terme, pour que les journées du patrimoine valorisent davantage le matrimoine.

Le matrimoine allie 3 dimensions : la sous représentation des femmes dans les métiers techniques tels que l’architecture, les inégalités dans le monde de la culture, et enfin l’espace public, majoritairement pensé par et pour les hommes.

Travailler sur le matrimoine, c’est ainsi une façon de rectifier notre vision du passé, pour rendre hommage aux femmes, à toutes les femmes, mais aussi une façon d’oeuvrer à plus d’égalité aujourd’hui, en permettant à nos places et nos rues de garder la trace de celles qui les ont aussi construites.

Le travail de la chercheuse Apolline Vranken a notamment permis de mettre en avant l’étendue du projet du Béguinage bruxellois, véritable poumon économique de son époque, lieu communautaire d’innovation architecturale, où les femmes accédaient notamment à la vie active, mais aussi à la propriété.

Le chantier de l’espace public contemporain gagnerait à s’enrichir de ces expériences du passé. L’objectif étant de construire un espace public accueillant, qui convient au plus grand nombre, et plus uniquement pensé pour un homme valide qui travaille, mais également pour des enfants qui jouent, des femmes qui s’y promène parfois tard le soir, des personnes à mobilité réduites, et j’en passe.

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