Quand j’étais petite, je voulais être journaliste. Quand ma maman était petite, elle voulait devenir assistante sociale. Quand ma meilleure amie était petite, elle s’imaginait devenir dentiste. Qu’on ait ou pas finalement pu toucher ce rêve d’enfant, une chose est certaine : nous n’avons jamais dû nous poser la question de si nous étions autorisées à tenter l’aventure. Ce qui n’est pas aujourd’hui le cas de nombreuses personnes en Belgique, et en majorité de femmes portant le foulard. Parce que oui, lorsque l’on parle de l’exclusion de personnes portant des “signes convictionnels”, c’est de femmes dont il s’agit. Et si j’ai à coeur de commencer par cette mise au point, c’est parce que l’invisibilisation dont elles sont victimes aujourd’hui dans notre société n’est plus tenable.

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Plusieurs d’entre elles ont tenté en 2017 un recours en justice contre l’école qui les avait exclue. La Cour Constitutionnelle a tout récemment tranché pour donner raison au règlement. “Il n’est pas interdit d’interdire”, retient-on en substance. Depuis lors, foisonnent sur la toile des centaines de messages d’étudiantes inquiètes “et si mon école décidait subitement de faire de même, vais-je devoir tout à coup abandonner mes études ?”.

Une vaste campagne intitulée #touchepasàmesétudes, une mobilisation prévue le 5 juillet – plusieurs milliers de participant.e.s selon l’évènement Facebook -, ainsi qu’une pétition, ont été récemment lancées par des étudiantes. Il s’agit de défendre les droits des femmes. Le droit des femmes majeures à se choisir un avenir. A construire et trouver la place qu’elles méritent dans notre société. A s’émanciper par la formation et l’emploi. La neutralité implique l’exclusion. L’interdiction s’oppose à la liberté. Une liberté qui n’a d’implication sur personne d’autre que sur celle qui en fait le choix. Et le dilemme sur lequel tout ceci débouche ouvre des blessures profondes chez celles qui sont forcées à faire un choix entre leur liberté d’être et de porter ce qu’elles veulent, et leur projet d’avenir.

L’accessibilité des études est au coeur du projet d’Ecolo. Beaucoup d’obstacles tendent déjà à limiter l’accès des jeunes à l’émancipation que constitue les études : l’accessibilité financière, ou encore les freins à l’inscription – de type “je ne suis pas capable” – liés par exemple au milieu social. Chaque jour, nous mettons notre énergie à construire un système éducatif plus inclusif. Il est dès lors temps de le rendre inclusif pour tous, et surtout pour toutes.

Le Gouvernement s’est ainsi engagé à : “veiller à la stricte application par les établissements d’enseignement supérieur et de promotion sociale du décret du 12 décembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination qu’elles soient d’ordre d’orientation sexuelle, d’origine ethnique ou de conviction religieuse, dans le respect de la jurisprudence”.

La question des signes convictionnels a beaucoup évolué ces dernières années, notamment avec le modèle Actiris qui a été développé à Bruxelles. On a également vu fleurir dans différents niveaux de pouvoir une levée de l’interdiction de la part de certains « Pouvoirs organisateurs » du paysage de l’enseignement. Sans parler des mobilisations contre le racisme et les discriminations qui nous poussent à réfléchir à la façon d’être inclusif et d’envisager l’interculturalité en 2020. Il est désormais plus que temps d’avancer.