L’Intelligence Artificielle, le Big Data, l’Open Source, la Blockchain : voici des termes dont on ignorait tout il y a 20 ans, et dont on entend désormais parler quasiment chaque jour dans les médias. Pour cause, ces technologies prennent une place de plus en plus importante dans notre quotidien.

Nous nous réveillons le matin grâce à l’alarme de notre smartphone, nous vérifions l’horaire et la ponctualité de notre train via Twitter ou l’application de la SNCB. Au travail, nous envoyons des emails à nos collègues, et nous travaillons avec eux sur des espaces de stockages de fichiers partagés. Finalement, c’est Facebook qui nous sort de notre concentration vers 18h, quand une ancienne copine nous propose d’aller prendre un verre. Mais avant de partir, c’est sur une web app qu’on commandera de nouvelles vignettes de mutuelle pour un passage chez le médecin en fin de semaine. Oui, aujourd’hui, le numérique est partout.

Le numérique se développe à une vitesse fulgurante, mené par les géants que sont les GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazone, Microsoft, auxquels on peut ajouter Yahoo, Nextlix, Spotify, et sans doute encore d’autres. Et face à cette révolution effrénée, deux choix s’offrent à nous : courir après le progrès, s’épuiser, ou l’anticiper, le modeler à notre goût. Et puisque la technologie est occupée à modifier notre société en profondeur, Ecolo plaide pour une politique volontariste en matière de numérique.

Il y a d’abord le numérique à entendre au sens économique. En effet, le secteur des technologies de l’information et de la communication promet la création de 900 000 emplois en Europe d’ici 6 ans. C’est énorme. Avons-nous aujourd’hui, dans l’état actuel de nos 2 régions, les talents nécessaires pour répondre à ce challenge du monde de l’emploi ? Je l’espère. Si c’est ainsi que se construit le monde de demain, nous devons travailler à ce que chacun et chacune puisse y prendre part, de façon égale. Nous faisons notamment le souhait, nous écologistes, que chaque jeune aura, demain, toutes les cordes à son arc, y compris la corde du numérique, afin de rejoindre le plus sereinement possible le monde de l’emploi.

Il y a ensuite le numérique du quotidien. Celui que j’évoquais en introduction. Aujourd’hui, le constat qui est posé est que nous ne sommes pas toutes et tous égaux face à l’enjeu numérique. Et je ne parle pas ici de fracture intergénérationnelle, qui elle, tend à disparaître avec le temps. Je parle ici de celles et ceux qui côtoient et utilisent des outils de façon quotidienne, sans en comprendre les enjeux. Selon une toute récente étude de l’Agence du numérique, « 14% des citoyens sont considérés comme des usages faibles ». Plus encore, « 20% des wallons sont victimes de la fracture numérique ». Soit des centaines de milliers d’habitantes et habitants pour qui ce progrès est davantage un frein qu’un coup de pouce.

Que l’on parle de numérique dans l’économie, ou du numérique du quotidien, il nous semble indispensable d’envisager cette double question selon des balises.

Je vois le numérique comme un outil à développer au service du citoyen.

Il y a aujourd’hui bien des thèmes très peu connus, mais pourtant fondamentaux, liés au numérique tel qu’il se développe dans notre économie, et tel que nous le côtoyons au quotidien. Je vais me permettre ici d’en lister quelques uns. 

  • Un certain Monsieur Setgers reçoit régulièrement des articles en ligne du site www.veritéplanète.org, soutenant que le changement climatique est une invention de Greta Thunberg pour ne pas aller à l’école. 
  • Madame Nivolic s’est inscrite à un concours Pure FM. Sans hésiter, elle a donné son email, son numéro de GSM, et il a également répondu à quelques questions sur ses goûts musicaux.
  • Monsieur Cartier cherche un itinéraire sur Google Maps, et l’application semble l’encourager avec insistance à tester une nouvelle façon de se déplacer : Uber. Ca ne lui coûterait que quelques euros, et ça prendrait moins de temps qu’en tram, d’après l’application.
  • Madame Malson conserve des centaines de gigas de photos sur un serveur en ligne partagé avec les membres de sa famille. Même les photos ratées, parce qu’elle n’a pas le temps de les trier.

Vous l’aurez compris, tous ces cas sont évidemment fictifs.

  • Et puis ils y a toutes celles qui reçoivent des messages insultants, insistants, répétés. A chaque fois qu’ils ou elles ouvrent leur messagerie instantanée.

La question des données privées et de leur marchandisation ; la diffusion des fake news ; les nombreux cas de harcèlement en ligne, qu’ils soient sexistes, racistes, homophobe, et j’en passe ; les partenariats commerciaux qui visent à nous orienter dans nos choix de consommation, souvent au détriment des services publics ; et enfin la pollution engendrée par le numérique.

Ces cinq exemples montrent qu’aujourd’hui, notre maîtrise des enjeux liés au numérique nous empêche d’aller plus loin. Et il y en a encore bien d’autres.

Il existe a ce stade de nombreuses pratiques en Fédération, comme cette intiative qui permet au travers d’un jeu vidéo d’apprivoiser les mathématiques, permettant une meilleure appropriation de la matière par des élèves en difficulté et réduisant l’absentéisme. D’autres pratiques, comme l’organisation d’une tournée d’écoles communales en Brabant Wallon par un bus lié à la marque Huawei, posent de manière directe l’enjeu de savoir quelles sont les relations entre l’enseignement et les entreprises commerciales. 

Développer le numérique en plaçant l’humain au centre est tout l’enjeu. Il ne s’agit pas seulement d’apprendre dès l’école à coder, mais plutôt d’apprendre à décoder ! Décoder le monde numérique qui nous entoure, le regarder non pas avec des lunettes de réalité augmentée, mais bien avec celle d’un certain esprit critique.

Il y a donc deux faces à la médaille : une face reluisante, séduisante, à base d’innovation et de technologie. de l’autre côté, une face terne, usée, c’est celles des risques liés au numérique.

Ce qui importe pour les écologistes, ce sont donc les balises à fixer pour que le numérique se développe de la meilleure des façons. Avec un seul horizon possible, celui de plus de démocratie, de plus de respect de l’environnement et de plus d’inclusion. Et je suis persuadé que l’éducation est le meilleur chemin pour parvenir à construire le monde numérique de demain.