Septembre a vu une vague de chaleur bousculer quelque peu la rentrée des adolescent.e.s. Certain.e.s, en majorité des filles, ont ainsi souhaité faire leur rentrée en robe, en jupe, en short, et se sont fait renvoyer chez elles fissa. Pour cause : le règlement d’ordre intérieur (ROI) de leurs écoles interdisent ces tenues. S’en est suivi une mobilisation importante, sous le #Lundi14septembre et #BalanceTonBahut, en France, en Belgique, et même en Italie.

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Cette action consiste à “passer outre les réglementations vestimentaires imposées pour protester contre les remarques sexistes et la sexualisation des jeunes filles et des femmes mais surtout pour défendre la liberté de se vêtir, puisqu’une tenue n’est pas une invitation ou une provocation, parce qu’un vêtement n’a pas à empêcher le droit à l’instruction. Elle défend le droit des étudiantes à ne pas subir les regards des adultes et leurs remarques déplacées. Cette action a une symbolique contre les injonctions patriarcales à l’école.” (source : Mouvement StopFisha)

Si l’on jette un oeil du côté des règlements des école, on peut observer plusieurs choses :

  • Quasiment tous les règlements intègrent des restrictions liées aux tenues vestimentaires.
  • Une partie des règlements inclut des règles strictes ciblant uniquement les tenues des filles : pas de robes, pas de jupe, interdiction de lingerie apparente, pas de t-shirt à fines bretelles, pas d’épaules nues, pas de jeans troués/déchirés. Une majorité des règles concerne les tenues des filles, contre quelques règles pour les garçons.
  • Une partie des règlements inclut des règles différenciées entre les filles et les garçons : short autorisé pour les garçons mais pas pour les filles, boucles d’oreille autorisées pour les filles mais pas pour les garçons, maquillage et vernis autorisés pour les filles mais pas pour les garçons.
  • Les justifications présentes dans ces règlements tiennent en général à la question du « savoir-vivre », à la capacité des élèves à adopter une « tenue adaptée à un cadre scolaire et de travail ».
  • Les justifications informelles données oralement aux élèves, d’après leurs témoignages sur les réseaux sociaux, abordent des questions de “provocation” des filles par les garçons via leurs tenues.

Quel horizon ?

La question des règlements doit pouvoir être envisagée à l’aube des questions de notre temps. Un règlement quel qu’il soit évolue avec la société. Le CEF, Comité des élèves francophones, se mobilise d’ailleurs depuis de nombreuses années contre l’arbitraire des règlements, via notamment la « Révolution du bermuda ». Les questions récentes charriées par la mobilisation des élèves sont du même ordre.

Pourquoi un garçon ne pourrait pas porter de boucle d’oreille, et une fille, de bermuda ? Quel message envoie-t-on aux filles lorsque la majorité des règles concernant les tenues les ciblent elles, plutôt que leurs camarades masculins ? N’y a-t-il pas un problème si une norme vestimentaire est justifiée par le fait de “protéger” les filles de violences dont elles pourraient faire l’objet ?

Le cadre scolaire, garanti en partie par son règlement, doit offrir un espace égalitaire, où chacun.e se sent libre, mais aussi en sécurité. L’équilibre est à trouver, mais nécessaire. Les règles ne doivent en aucun cas mener à appuyer des stéréotypes ou des clichés qui, plus tard, pourraient être le socle de discriminations. La construction d’un règlement doit pouvoir se faire collectivement, en impliquant les étudiant.e.s et aboutir à des règles en matière vestimentaires claires et objectives, motivées, n’impliquant pas de discriminations, tout en étant en phase avec leur temps.

L’école est le lieu privilégié pour opérer un changement culturel sur la question de l’égalité femme/homme. Et nous savons que cette égalité profitera à tous les enfants. Nous devons redoubler d’efforts pour réduire (et in fine faire disparaître) tout ce qui contribue à alimenter les inégalités entre les femmes et les hommes, avec quelques priorités :

  • Former les professionnels de l’éducation à promouvoir l’égalité et veiller à ce que les discriminations soient sanctionnées
  • Prévenir et sensibiliser à la question des violences sexistes et sexuelles, travailler très tôt la question du consentement et du respect de l’autre
  • Développer à l’école des espaces physiques inclusifs pour les filles et les garçons, travailler la question des cours de récréation sexistes, développer les activités mixtes
  • Lutter contre le sexisme dans les manuels scolaires et faire disparaître les stéréotypes de genre des supports d’enseignement
  • Travailler activement à dé-genrer les filières d’étude en encourageant par exemple l’investissement des filles dans les cours techniques et scientifiques où elles sont sous-représentées
  • Lever les tabous sur les sujets liés au corps (hypersexualisation des filles), à la sexualité, et notamment à ce qui touche aux femmes, comme par exemple la question des règles
  • Développer la démocratie scolaire, notamment via la question des règlements en impliquant les élèves dans le processus de modification

L’école est un lieu où la question des inégalités et des discriminations en général peuvent être travaillées. Elle sert de socle solide au développement d’une société où chacun.e se sent bien, à sa place et respecté.e pour ce qu’il.elle est.

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Quelques chiffres à rappeler

Un Belge sur deux a été victime de violence sexuelle

20 % des femmes et 24 % des jeunes ont déjà subi un viol

48 % des hommes estiment ainsi qu’une victime peut-être en partie responsable de son agression (vêtement « sexy », comportement « provocant », etc.)

24 % des jeunes garçons pensent que la violence est sexuellement excitante pour les femmes

Témoignages :

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Quelques pièces de règlement

[exemple 1]

L’école est un lieu de travail, dès lors une tenue correcte sera demandée en toute circonstance : elle implique le port de vêtements propres et classiques, qui évitent le laisser-aller et l’ostentation. Dans cet esprit, les vêtements seront sobres (par exemple : pas de dessins excentriques ou trop voyants sur les pulls et les vestes, pas de salopettes, de bretelles, de vestes ou de pantalons en jeans délavés ou déchirés, de tenues de jogging, de jupes trop courtes ou trop longues, de bermudas ou de shorts (sauf pour les garçons de 1e et 2e années). Les vêtements seront portés correctement. Les chaussures seront classiques et soignées (par exemple : pas de sandales de gymnastique, de baskets ou autres chaussures de sport ou de détente en dehors des activités sportives). Les bijoux et le maquillage des jeunes filles seront discrets. La boucle d’oreille chez les garçons n’est pas admise de même que les autres « fétiches ». Les cheveux des garçons doivent être courts. Le port de la barbe et de la moustache n’est pas autorisé.

[exemple 2]

Article 6 : la tenue vestimentaire :
Elle sera correcte en toutes circonstances Le pantalon (jeans ou autre) troué ou découpé est interdit Le short pour les filles arrive à mi-cuisse Les épaules sont couvertes La tenue de gymnastique comprend un t-shirt blanc, un short noir ou bleu foncé et des sandales blanches. Le legging est autorisé pour les filles. Le port d’un training est autorisé en cas de leçon en extérieur pendant les mois d’automne et d’hiver. Un bonnet de bain vert est demandé pour le cours de natation. Pour le port du maillot de bain, les enfants se conforment au règlement de la piscine de Waterloo. L’élève est prié de retirer tout couvre-chef dans l’enceinte de l’école et/ou dans le cadre des activités scolaires y compris durant les cours de gymnastique, les excursions, les séjours avec nuitées.

[exemple 3]

Le suivi d’éducation nous conduit aussi à exiger des élèves une tenue vestimentaire correcte et adaptée à leur activité : tenue de sport uniquement pour l’éducation physique, tenue correcte et décente (opacité des vêtements, longueur minimale des jupes 10 cm au-dessus des genoux, pas de short, épaules et ventre couverts, sous-vêtements non visibles, pas de jeans troués,…etc.) pour les cours généraux, tenue de protection dans les laboratoires. Si un membre de la Direction estime que la tenue de l’élève n’est pas correcte et décente, l’élève sera envoyé à l’étude. Il restera à l’étude pour chaque heure de cours sauf en cas d’interrogations prévues. Les parents seront avertis. En cas de récidive, des sanctions disciplinaires pourront être envisagées. Dès l’entrée à l’Athénée, les élèves doivent enlever leur couvre-chef. Tout piercing présentant un danger est interdit, notamment un anneau dans le nez, dans l’arcade sourcilière, autour de la bouche… Seuls les piercings discrets sont tolérés.

[exemple 4]

L’école est un lieu de travail. Aussi, par respect pour les autres et pour lui-même, chacun se présente au Centre Scolaire de façon simple, propre et correcte en évitant les marques de marginalisation, de négligence et d’excentricité. À titre d’exemples, les trainings, jeans déchirés, jupes ou shorts trop courts, pulls ou t-shirts trop courts ou trop décolletés, couvre-chefs, piercing, écarteurs, boucles d’oreilles pour les garçons, cheveux de couleur non naturelle, bijoux excessifs, … ne sont pas admis. Il en est de même pour l’incorrection, le mauvais goût et l’indécence. LA TENUE DOIT ÊTRE ADAPTÉE AU CONTEXTE DE L’ÉCOLE.

[exemple 5]

Tenue vestimentaire La première manifestation du respect de soi est l’image que l’on donne au travers du soin apporté à se vêtir avec goût et élégance. Le port d’une tenue de ville propre et décente est obligatoire. Il est certes impossible de fxer d’une manière réglementaire les critères d’une tenue correcte mais, l’école étant un lieu de travail, les coiffures extravagantes, les tenues culturellement orientées, excentriques ou débraillées n’y ont pas cours. Le port d’insignes ou de vêtements qui expriment une opinion ou une appartenance politique, philosophique ou religieuse, ainsi que le port de tout couvre-chef, sont interdits dans l’enceinte de l’établissement scolaire, sur les lieux de stage, durant les activités scolaires, extra-muros et parascolaires. Le port d’oreillette constitue également une infraction. Le port de piercings discrets est toléré. Toute autre forme trop visible ou éventuellement pouvant être source de danger est interdite. Les tatouages doivent demeurer cachés par les vêtements. Les tenues de sport (trainings, shorts…) ne sont pas autorisées en dehors des heures de pratique des cours d’éducation physique. L’ensemble de ces règles s’applique également lors des déplacements. En cas de manquement, l’élève peut être sanctionné. Tout cas litigieux est soumis à l’appréciation de la direction de l’établissement qui décidera en dernier recours.

[exemple 6]

7.6. Tenue vestimentaire Le port d’une tenue de ville propre et décente est obligatoire. Il est certes impossible de fixer d’une manière réglementaire les critères d’une tenue correcte, mais l’école étant un lieu de travail, les coiffures extravagantes, les tenues excentriques ou débraillées n’y ont pas cours. Minijupes, bermudas, pantalons courts et autres tenues estivales sont interdits. Le port d’insignes ou de vêtements qui expriment une opinion ou une appartenance politique, philosophique ou religieuse, ainsi que le port de tout couvre-chef sont interdits dans l’enceinte de l’établissement scolaire, sur les lieux de stage, durant les activités scolaires, extra-muros et parascolaires. Le port de piercings est interdit. Les tatouages doivent demeurer cachés par les vêtements. Des tenues spécifiques sont exigées pour pouvoir participer à certains cours (laboratoires, travaux pratiques, éducation physique, ….). Les tenues de sport (trainings, shorts,…) ne sont pas autorisées en dehors des heures de pratique des cours d’éducation physique. L’ensemble de ces règles s’applique également lors des déplacements. En cas de manquement, l’élève peut être sanctionné et se voir refuser l’accès à l’école. Tout cas litigieux est soumis à l’appréciation de la Direction de l’établissement qui décidera sans appel.

[exemple 7]

Uniforme L’obligation de porter un uniforme a pour but de promouvoir le bon goût plutôt que l’extravagance, d’encourager l’affirmation du fond plutôt que de la forme en portant les couleurs du Lycée. Le port de l’uniforme est aussi l’affirmation de la continuité des traditions de l’école, dont chacun de nous a à être fier. L’uniforme ne fait pas la promotion des marques. Suivre les effets de mode ne rentre pas dans le cadre des valeurs de classicisme prônées par la tradition de l’uniforme. Aucun élève n’est autorisé à circuler dans l’école la tête couverte. Si un élève se présente dans une tenue non conforme à l’uniforme, il sera renvoyé à la maison afin d’adopter la tenue adéquate. Ses parents en seront avertis. L’écharpe ne sera pas autorisée en classe. Description : Jupe ou pantalon : bleu marine uni, pas de pantalon aux piqûres apparentes, de type ou matière “jeans” ou “training”, ni de “collants”. La jupe reste proche des genoux. En cas de grosse chaleur, le bermuda bleu marine uni est accepté. Le legging sera opaque, bleu foncé et en coton. Pull, gilet, col roulé (même comme « manteau » ou « veste ») : bleu marine uni. Chemisier, chemise, polo, T-shirt, sous-pull : blanc, bleu ciel ou bleu marine uni. Le T-shirt est admis par temps chaud mais il sera de couleur blanche, bleu ciel ou bleu marine, de facture classique, uni et soigné. Sont proscrits pour les filles, les pulls et chemises trop courts laissant voir le ventre, les décolletés prononcés et les épaules non couvertes. Les vêtements ne peuvent laisser voir les sous-vêtements. Chaussures de couleur foncée (pas de couleurs vives) et unie (elles ne peuvent donc être bicolores). Les lacets seront assortis. La marque sur la chaussure, si elle ne peut être évitée, sera discrète et assortie au ton de la chaussure. Les boucles d’oreilles sont permises, chez les filles, pour au­tant qu’elles soient discrètes et portées sur le lobe de l’oreil­le. Elles ne sont pas autorisées pour les garçons. Les piercings et les tatouages ne sont pas autorisés sous quelque forme que ce soit. Les filles du 1er degré ne se maquilleront pas, et ce maquillage sera discret aux 2e et 3e degrés. Les coiffures doivent être soignées et classiques évitant le laisser-aller et l’extravagance. Les garçons, par exemple, veilleront à ce que leurs cheveux n’atteignent pas le col de leur chemise. Les cheveux hérissés, colorés ou rasés sont interdits ainsi que le port de la casquette, du foulard et autre bandeau.

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