Aujourd’hui, c’est la Journée internationale de la santé des femmes. L’occasion d’aborder un thème qui sort des sentiers battus : les maladies propres aux femmes, qui ont longtemps été invisibilisées par la médecine. L’endométriose en fait partie. Elle est une maladie bénigne mais très douloureuse, qui est encore peu diagnostiquée, et dont souffrent pourtant 1 à 2 femmes sur 10 en Belgique. Pourquoi ? Parce que la maladie est cachée par un mythe : celui qui défend l’idée qu’il est “normal d’avoir mal pendant ses règles”.

Je conçois ma fonction de députée comme étant un relais entre la société et le politique. J’aime mettre sur la table des thèmes moins connus, afin de donner un coup de frais au débat politique. Parce que oui, la santé des femmes, c’est un débat politique.

L’endométriose fait partie des maladies qu’on diagnostique souvent tardivement, et nécessite parfois une chirurgie pour atténuer les douleurs. Si le diagnostic tarde, c’est au moins pour trois raisons. Tout d’abord, le fait que les femmes n’osent pas en parler à leur médecin. Les douleurs de règles restent un tabou. Une fatalité ? Non. Certains pays les reconnaissent comme maladie et offrent un jour de repos menstruel aux femmes. Ensuite, lorsque la porte du spécialiste est franchie, il est courant que le problème soit minimisé, en vertu d’un vieux mythe dont j’ai déjà fait mention. Enfin, les maladies comme l’endométriose sont peu connues, peu étudiées, et donc plus difficiles à détecter. De sérieuses zones de flou persistent d’ailleurs sur ses causes.

La santé des femmes, le corps féminin, la sexualité féminine et la représentation qu’on s’en fait, sont le lieu de nombreux non-dits, de honte et de gêne.

 A cet égard, il suffit de visionner le documentaire « mon nom est clitoris » pour comprendre que beaucoup de femmes ne savaient même pas qu’elles avaient … un clitoris. Cette méconnaissance de nos propres corps engendre des difficultés à comprendre comment il fonctionne, quelles sont ses règles et ses limites. Sans compter le fait que les particularités qui y sont liées sont souvent ignorées par la recherche médicale.

Dès le plus jeune âge, nous devrions apprendre comment fonctionne notre corps. Et à tous les moments de notre vie, être reçues sans jugement, sans a priori, et traitées par la médecine en fonction de nos particularités. Et ces évolutions et réflexions incluent aussi bien les hommes que les femmes. Pour que les tabous puissent être démystifiés, nous devrions, partout dans le monde, avoir plus d’espaces où ces questions sont traitées.

Le fait d’avoir gommé certaines particularités liées au corps des femmes a eu comme conséquence d’empêcher ou retarder fortement la recherche de solutions. Comment trouver des réponses, si on n’ose/ne peut pas poser des questions ?

Il existe pourtant des leviers pour agir :

  • Soutenir la création des cliniques multidisciplinaires spécialisées comme celle de Bruxelles
  • Soutenir la recherche scientifique en la matière
  • Promouvoir la santé des femmes et sensibiliser à cette maladie, notamment via les écoles

Pour prolonger la lecture sur le sujet :

Santé sexuelle : le sexe féminin démystifié  http://www.lesitinerrances.com/images/stories/analyse2020/2020-06CompCOR.pdf