Le chemin vers l’égalité est encore long. 135 ans à l’échelle mondiale, selon le Forum économique de Davos. Le Coronavirus nous aura fait perdre une génération dans le chemin vers l’égalité. Une génération. C’est énorme. C’est comme si l’énergie fournie aujourd’hui pour tenter de refermer le fossé de l’égalité s’évaporait sans avoir pu inscrire une once d’évolution. Une seule réponse possible : il faut redoubler d’efforts. Et l’emploi fait partie des leviers pour garantir une autonomie économique des femmes, et reste, en général, le nerf de la guerre en matière d’égalité.
Cet article fait suite à une question d’actualité déposée au Parlement bruxellois et au Ministre de l’Emploi Bernard Clerfayt le 2 avril 2021.
Les femmes sont surreprésentées dans les métiers du soin, ceux en première ligne du Coronavirus. Épuisées et usées par des mois de crise. Elles représentent par exemple 80 % du personnel dans les soins de santé. Par ailleurs, ces métiers sont reconnus comme étant en pénurie ce qui fait reposer tout un système de santé sur les épaules de travailleuses dont les statuts sont peu valorisés.
Les femmes sont en première ligne également dans les emplois les moins bien valorisés d’un point de vue salarial, les contrats à temps partiel et précaires, et fragilisés par la crise. Il s’agit par exemple des employées dans les commerces de notre ville, qui sont passées en chômage Coronavirus au rythme des ouvertures et fermetures, et qui n’ont parfois touché qu’une partie de leur salaire. Ou encore de celles qui sont employées dans l’HORECA, des travailleuses titre-service, des indépendantes, qui sont surreprésentées à nouveau dans les secteurs les plus touchés comme le secteur lié aux métiers de contact.
Enfin, elles sont en première ligne à la maison. Et le télé-travail aura, pour sûr, accentué les inégalités domestiques, avec un impact indéniable sur leur investissement dans leur travail. Par exemple, alors que les projets scientifiques des chercheurs ont augmenté pendant le confinement, ceux des chercheuses se sont effondrées.
En tant que femme et homme politique, nous ne pouvons fermer les yeux. Nous devons redoubler notre attention et notre soutien. Sans quoi le travail d’une génération de femmes mobilisées sur ces questions sera vain.
La Belgique est ainsi mauvaise élève en matière de participation des femmes à l’économie (59e place), en matière de santé des femmes (98e place), et en matière de représentation des femmes en politique.
Il existe des outils. Au niveau de notre Région. Les moyens dégagés pour la relance, par exemple. Orienter ces moyens avec une approche genrée, c’est garantir non seulement que la relance ne creusera pas encore davantage les inégalités, mais surtout qu’elle permettra une accélération pour débrouissailler le chemin vers l’égalité.
Il est également utile de travailler la question de l’emploi sur le prisme du genre. De garantir une place aux femmes dans des secteurs plus valorisés, le numérique par exemple qui a fait un véritable bond en avant et qui ouvre le champ de milliers d’emplois. C’est aussi le moment de briser le plafond de verre, d’établir des quotas dans les entreprises privées et publiques pour permettre à plus de femmes d’accéder à des métiers mieux rémunérés. Et puis, c’est aussi, et certainement la base, le temps de revaloriser ces métiers moins bien rémunéré, qui ont, durant la crise, montré toute leur importance.
Quelques lectures pour aller plus loin :
- Le rapport complet sur les inégalités de genre du Forum de Davos (p. 119) : http://www3.weforum.org/docs/WEF_GGGR_2021.pdf
- Les engagements de la Secrétaire d’Etat à l’égalité des chances et des genres : https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_sarah-schlitz-secretaire-d-etat-a-l-egalite-des-genres-a-ce-rythme-l-egalite-salariale-homme-femme-sera-atteinte-en-2066-seulement?id=10714096
- L’entrepreneuriat féminin en hausse à Bruxelles : 1 femme sur 10 est indépendante à titre principal : https://1819.brussels/blog/lentrepreneuriat-feminin-en-hausse-bruxelles-1-femme-sur-10-est-independante-titre-principal