Racisme, xénophobie, sexisme. Les plateformes sociales sont parfois le lieu de violences, avec des conséquences parfois lourdes, comme le suicide des victimes. Il y a quelques jours encore, la star japonaise de 22 ans, Hana Kimura, était retrouvée morte après avoir publié un message d’adieu sur ses réseaux sociaux. Pourtant, parce qu’elles sont virtuelles, on a souvent l’impression que ces violences sont périphériques. Pendant le confinement, ces violences ont explosé. Pour cause : le numérique a pris une place plus importante dans la vie quotidienne des millions de personnes confinées. L’occasion de remettre la question du cyberharcèlement au centre de la table.
Le Coronavirus et le confinement ont un impact sur toutes les sphères de notre existence. Parmi ses conséquences, on a vu une augmentation forte du temps passé en ligne, de façon encore plus importante dans les pays où le confinement a été le plus strict, et dont la Belgique fait partie. Les longues semaines passées à la maison ont fait exploser les usages d’Internet et des réseaux sociaux.
Les principales activités en ligne des belges confinés sont :
- Les activités sociales via les plateformes du même nom – notamment les messageries instantanées comme Messenger et Whatsapp ;
- Les loisirs, avec une augmentation forte de l’utilisation des jeux en ligne et des plateformes de streaming vidéo) ;
- Les achats en ligne ;
- L’enseignement à distance ;
- Les démarches administratives.
Et cette affluence forte sur les réseaux sociaux n’est pas sans conséquences, et vient accentuer un problème qui préexiste : celui du harcèlement et de la haine en ligne.
Si on prend l’exemple de Twitter, le nombre de contenus racistes a augmenté de 40,5% durant le confinement, celui des contenus antisémites de 20% et celui des contenus LGBTphobes de 48%. Si nous n’avons pas de chiffres pour les autres plateformes, il est plus que probable que l’augmentation soit également présente sur celles-ci.
Du côté des violences sexuelles et sexistes, les médias ont soulevé à plusieurs reprises une recrudescence du phénomène de “Revenge Porn” via ce qu’on appelle les comptes Fisha qui diffusent des vidéos à caractère sexuel sans autorisation des personnes qui y figurent.
Pour les victimes, il y a ici une situation encore plus problématique qu’à l’accoutumée, dûe à la crise du Coronavirus et liée au fait que nous avons drastiquement diminué nos interactions sociales “dans le monde physique” pour stopper la propagation de l’épidémie. Les interactions virtuelles sont devenues parfois la seule manière de garder un lien avec nos proches. Cette recrudescence du harcèlement et de la haine en ligne ont dès lors des conséquences encore plus préoccupantes puisqu’il est très difficile de se détourner du monde digital pour se préserver, au risque de souffrir d’isolement. Ceci nous montre la frontière poreuse qui existe entre le monde dit “virtuel” et le monde “physique”, qui n’ont jamais été aussi fort imbriqués.
Il y a quelques jours, la Loi Avia a vu le jour en France. Elle vise à contraindre les grandes plateformes de retirer les contenus haineux sous 24h, sous peine de sanction financière. Elle s’accompagne de la création d’un observatoire de la haine en ligne. Le projet a été controversé, notamment sur la question de ce qui constitue un message « haineux » qui sera laissée à l’appréciation des plateformes. Il est temps que la Belgique réfléchisse plus concrètement à son plan d’action contre la haine en ligne. C’est en effet parfois des vies qui sont en jeu.