Le budget 2025 de la Fédération Wallonie-Bruxelles contient un constat alarmant que la majorité MR–Les Engagés décident d’ignorer : parmi toutes les dépenses publiques, seules celles spécifiquement dédiées aux associations liées aux droits des femmes affichent un impact positif sur l’égalité de genre. Tout le reste est neutre ou, pire, potentiellement négatif. C’est l’effet combiné de coupes, notamment dans la petite enfance, et d’un manque d’ambition qui place les femmes en première ligne de l’austérité.

En 2019, la FWB se dotait pour la première fois d’un plan Droits des femmes piloté par les associations, reconnu internationalement comme une bonne pratique. C’était un tournant : transversalité affirmée, budgets renforcés, dispositifs structurels. Cinq ans plus tard, cette dynamique est l’une des premières victimes du backlash conservateur et néolibéral. Pas de plan. Peu de moyens. Aucun cap politique clair.

Ce recul s’inscrit dans un contexte où les violences institutionnelles se multiplient : pensions réduites pour les femmes, attaques contre les malades de longue durée — majoritairement des femmes —, manque criant de places en crèche, et blocage politique autour du droit à l’IVG. C’est tout un écosystème d’égalité qui s’effrite.

Dans ce climat, entendre au Parlement le MR expliquer que refuser des économies au détriment des victimes de violences reviendrait à « ne pas vouloir déplaire » est indécent. Les féminicides ne sont pas un enjeu de popularité. Ce sont des vies perdues. Et la lutte contre ces violences devrait être au sommet des priorités publiques. Au nom de l’humanité.

Sur le terrain, les associations s’essoufflent. Les travailleuses sont épuisées. Les structures manquent d’air. Pourtant, le budget ne renforce rien : il reconduit le strict minimum et ramène même certains financements à des niveaux de 2019. Le message envoyé est clair : on ne consolide pas, on gèle. Le Ministre évoque un « recentrage » des politiques. Cette formulation inquiète, car rien n’est accessoire dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Au même moment, les violences sexuelles augmentent chez les jeunes, les services d’accueil suffoquent et les obstacles socio-économiques s’accumulent. Le contexte politique, lui aussi, aggrave le tableau : Bruxelles paralysée, Wallonie qui allège les plus aisés, fédéral sans ambition. Et la Fédération laisse dépérir les secteurs censés réparer les dégâts.

Dans cet ensemble, les femmes deviennent les grandes oubliées d’un budget qui devrait pourtant les protéger. Ce que ce budget révèle, en réalité, c’est un choix : considérer les droits des femmes comme une ligne marginale, au lieu d’en faire un principe structurant de l’action publique. L’égalité n’avance que lorsque l’on décide d’y investir. Quand on cesse de le faire, elle recule. Et pour les années à venir, le Gouvernement MR–Engagés a visiblement choisi de regarder ailleurs.