Si un belge passait en moyenne 5h par jour sur Internet, le confinement a sans aucun doute fait exploser ce chiffre. La toile et les réseaux sociaux, lorsqu’on est confiné chez soi, c’est une façon de maintenir du lien avec le monde extérieur, via d’agréables “Coronapéro” par exemple. C’est aussi une manière de s’informer. Et le contenu ne manque pas ! Les médias du monde entier ont focalisé leur attention sur la pandémie, produisant ainsi du contenu à foison. Mais ils ne sont pas les seuls. Ainsi, les citoyen.ne.s reçoivent, d’une part, de l’information de relais officiels comme des communications du Gouvernement sur les chaînes publiques, et d’autre part … des vidéos Whatsapp qui leur expliquent comment se protéger du Coronavirus avec une combinaison de plantes sauvages.

L’effort de nos médias est à saluer. Les conditions matérielles du job de journaliste sont rendues complexes par les règles sanitaires. Le monde des médias tourne au ralenti, plongeant les travailleurs, majoritairement indépendants, dans des situations économiques fragiles. Sans oublier le fait que le secteur est, lui aussi, touché par l’épidémie. Le contenu proposé va du plus fondamental, comme de l’information sur la disponibilité du matériel médical, au plus divertissant, comme des suggestions de fictions à regarder qui abordent l’épidémie.

Mais ce contenu a la vie dure sur les réseaux sociaux. Les informations officielles battent en retrait face aux fake news. Si certaines fausses informations sont anecdotiques, d’autres poussent ceux qui les lisent à des comportements dangereux. La raison principale de ce succès : les algorithmes des plateformes en ligne, qui privilégie le buzz au détriment du vrai. Un problème qui n’est pas nouveau, mais qui est ici exacerbé par la crise. Et puis il y a la partie invisible de cette diffusion, qui est une part énorme de l’information consommée par les gens : ce qui circule sur les messageries instantanées, comme Facebook Messenger, Instagram et Whatsapp. Pas de statistiques disponibles, ces vidéos et ces images se diffusent un peu comme le virus : de façon exponentielle et invisible.

Face à ces fake news, des initiatives tentent de décoder le vrai du faux. Facebook essaye de réguler timidement ces contenus : si vous cherchez “Coronavirus”, le réseau social vous propose de visiter le site officiel d’information, et ensuite une série de contenus issus de pages dites “certifiées” (dont l’identité a pu être vérifiée par Facebook, via présentation de documents officiels). Mais les contenus diffusés par ces pages n’en sont pas pour autant plus vérifiés que les autres …

Autre initiative, les Journalistes Solidaires (regroupement de journalistes francophones) qui décodent une à une ces informations.

Tout ceci pointe la nécessité de ne pas laisser l’entièreté de régulation des contenus en ligne aux plateformes elles-mêmes. Ces dernières sont là pour fournir des outils, avec une logique commerciale, mais elles ne sont là pas pour dénouer le vrai du faux, et orienter les comportements des citoyen.ne.s en cas de crise, notamment. Sur le long terme, le meilleur rempart aux fakes news reste l’esprit critique, que l’éducation au numérique permet notamment d’acquérir, et qui évitera sans doute, dans le futur, qu’on attribue une épidémie à un complot mondial fomenté par les puissants que les Simpsons avaient pourtant anticipés.